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L’argentique est devenu un pêché passionnel. Alors que les appareils photo numériques sont en plein boum, s’immisçant dans la moindre parcelle encore libre d’un marché saturé, d’autres, qu’on gavait de pellicules, sont restés dans les coeurs autant que dans les esprits. Voici une sélection des plus remarquables d’entre eux, avec de courtes descriptions, des détails historiques et des fonctionnalités impressionnantes qui leur ont valu ce statut légendaire.

Rolleiflex f/2.8 - (1929)


On commence par le Rolleiflex. La particularité de ce moyen format vient de son système de reflexion. L’objectif du bas capture la photo. Celui du haut est renvoyé sur un verre dépoli. Ce type d’appareil est une véritable expérience photographique à vivre pour tout photographe qui se respecte. La visée inversée, le cadrage carré, le rendu de film, et le plaisir de capturer des images avec n’ont pas d’égal. Malheureusement, le prix de ces pièces frôle encore les 1000€, et en état neuf de collection il atteint facilement 3000€. Cela dit, Yashica, une marque japonaise, a produit une série de reflex bi-objectif. Le Yashica MAT 124 G possède un objectif 80mm f/3.5, une superbe finition qui n’a rien à envier à ses homologues allemands, pour un prix tournant autour des 150€.

VP Exakta - (1933)


Cet appareil résolument vintage est le premier appareil reflex à utiliser avec des pellicules 127 de la ligne Exacta du fabricant allemand d’appareils Ihagee. VP vient de “Vest Pocket” (pochette de gilet) et elle était, d’après eux, la version allemande du Vest Pocket de Kodak, censé être assez compact pour pouvoir se glisser dans la grande poche d’un gilet.

Reflex Korelle - (1935)


Un autre appareil made in Germany conçu par Franz Koch Mann, le Reflex-Korelle comptait parmi les premiers reflex format 120 qui prenait des photos en 6×6. Il dispose d'un obturateur plan focal (ou obturateur à rideaux) et possède un viseur fixe sur le dessus, ainsi qu'un écran mat et une loupe pour effectuer la mise au point. Il y a également un viseur supplémentaire pliant sur le dessus et la mise au point se fait en tournant la bague sur la lentille. Son design simple était construit avec de petites vis au lieu de rivets et épingles, ce qui permettait de le démonter facilement pour réparation.

Kine Exakta - (1936)


Un autre appareil important fabriqué par Ihagee, le Kine Exacta a longtemps été considéré par les fabricants d’appareils et les historiens de la photo comme le premier reflex 35mm. Il fut construit sur le même modèle que le VP Exakta et lancé seulement trois ans après le reflex format 127. Alors que le principe de reflex était toujours en cours d’élaboration à l’époque, les experts en appareils photo ont remarqué que le Kine Exacta possédait diverses fonctionnalités qui au final furent les bases des reflex 35mm.

Nikon F - (1959)


Le Nikon F est un appareil totalement mécanique : il ne nécessite donc pas de batterie pour fonctionner. Il reprend les boutons de commande du Nikon SP, un boîtier à télémètre couplé sorti en 1957 (année où le développement du Nikon F a été lancé). Le Nikon F a été annoncé en mars 1959 et la production a duré jusqu'en mars 1972. Le Nikon F a été le premier système reflex a être utilisé largement et adopté par la plupart des photographes professionnels.

Minolta SRT-101 - (1966)


Appareil créé en 1965, et présenté par Minolta en avril 1966, le Minolta SRT-101 est un des appareils photo reflex les plus performants de l'époque avec son système CLC (compensation de contraste) et le couplage MC pour la mesure à pleine ouverture. Pour la première fois, un reflex 24x36 grand public disposait de la mesure de l'exposition à pleine ouverture, en plus des fonctions « modernes » de l'époque : Obturateur de 1 sec au 1/1000e, miroir « éclair » à relevage manuel, baïonnette de grand diamètre, système de mesure CDS évolué bi-zone (CLC), verre de visée à microprismes, affichage de la vitesse sélectionnée dans le viseur, tout cela dans un joli boîtier aux lignes tendues. Cet appareil presque parfait n'évoluera guère pendant sa longue vie : la firme d'Osaka le doublera en 1973 d'un Minolta SRT 303 (avec affichage du diaphragme dans le viseur et quelques améliorations mineures) puis avec des déclinaisons « bas de gamme » Minolta SRT 100, Minolta SRT 100b puis Minolta SRT 100x, allégées de certains perfectionnements. Plus de 17 ans d'existence pour ce reflex prouvent la grande maîtrise de Minolta dans sa conception, et l'excellente robustesse du boîtier tout métal, lourd mais fiable.

Asahi Pentax 6x7 - (1969)


L’Asahi Pentax 6×7 a été présenté en 1969 et fut déclaré comme étant inspiré par le KW Praktisix 6×5 produit en Allemagne de l’Est et sorti en 1957 ; ainsi que de son successeur : le Pentacon Six, qui lui fut présenté en 1959. Il ressemble à un appareil photo traditionnel SLR 35mm. Il est sensiblement plus grand et plus lourd (il pèse 2,3 kg lorsqu’il est équipé du prisme clair et de son objectif standard), ce qui fait que certains photographes se réfèrent à lui comme à un “Super SLR”. Il utilise des pellicules 120 et 220. Il a sa propre monture à baïonnettes doubles qui peut accueillir une large gamme d’objectifs Takumar interchangeables. C'est un des appareils photo les plus convoités des amateurs de moyen format. Il connut deux versions améliorées en 1990 et 1999.

Polaroid SX-70 - (1972)


Ah, le Polaroid. Un nom présent dans tous les esprits. Ce SX-70 est un appareil surcôté, dont la mode a été relancée en même temps que l'Impossible Project. Recouvert de cuir synthétique, il est autant un objet de mode qu’un appareil permettant facilement de réaliser des clichés amusants. Une belle pièce plaisante à utiliser, dans un registre moins technique que les autres appareils de cette liste. Le Polaroid SX-70 est un appareil photographique instantané à visée reflex produit par l'entreprise Polaroid de 1972 à 1981 sous divers modèles. Au départ, la mise au point est manuelle. En 1976 sort le Sonar AF system, un système de mise au point automatique débrayable. À partir de 1982, l'appareil change de dénomination pour devenir le SLR 680 suivi du SLR 690 en 1996 ; tous deux font partie de la famille des « SX-70 » (même architecture) mais utilisent le film Polaroid de type 600.

Olympus OM1 & OM2 - (1972 & 1975)


L'OM2 est un appareil très intéressant au niveau des qualités de son boîtier mais également au niveau des optiques. Cet appareil peut s'utiliser en mode manuel mais également en mode priorité ouverture. Il a un avantage certain : son poids et son format compact. Son grand frère, l’OM1 est quant à lui 100 % manuel. Il existe également une version légèrement améliorée : l’OM2-N. C’est une valeur sûre que l’on peut trouver assez facilement à des prix intéressants.

Pentax K1000 - (1975)


Le Pentax K1000 est souvent appelé le tank ou l'appareil de l'étudiant de la photographie, et pour cause, le corps de l'appareil est entièrement métallique, ce qui lui confère une bonne résistance. La simplicité de ses fonctions — des réglages entièrement manuels, sans fantaisies ni boutons/leviers inutiles — en font un rêve, tant que vous savez ce que vous faites. Le Pentax K1000 peut être trouvé à des prix bon marché, et comme le Canon A-1/AE-1, vous pouvez trouver des objectifs (monture K) un peu partout à des prix intéressants. Ces fonctionnalités basiques, doublées d’une construction solide permirent d’assurer une longue carrière au Pentax K1000 — de 1976 à 1997.

Rollei XF 35 - (1976)


Rollei à partir de 1970, commença à délocaliser ses usines de fabrication à Singapour, afin d'abaisser ses coûts de fabrication. C'est ce qui fait qu'on trouve certains modèles "made in Singapour". Le XF 35 est l'un d'entre eux. Il s'agit d'un appareil automatique à contrôle d'exposition et à mise au point télémétrique. L'obturateur permet des vitesses allant de 1/30 à 1/650 de seconde. L'exposition est déterminée par une cellule CdS, dont on peut voir la fenêtre à gauche de l'objectif. Les combinaisons vitesse / ouverture vont de 1/30 à f:2,3 jusqu'à 1/650 à f:16. Le déclencheur a une forme assez originale. Il est allongé. L'objectif est un Sonnar 2,3/40 mm fabriqué par Rollei sous licence Carl Zeiss Oberkochen. Le télémètre est couplé. Dans le viseur apparaissent les valeurs des diaphragmes et les vitesses. Une aiguille indique la vitesse et le diaphragme retenu. Un voyant rouge s'allume en cas de sous-exposition. Cet appareil est alimenté par une pile PX 625.

Canon A-1 & AE-1 - (1978 & 1976)

Le Canon A-1 fut le premier appareil photo au monde à assistance numérique et non analogique. Il est robuste, léger, facile à utiliser car il embarque une excellente mesure d’exposition qu’il peut ajuster automatiquement. Ajoutez à cela un levier débrayable permettant la surimpression (doubles, triples, quadruples expositions sont possibles), des objectifs à monture FD que l’on trouve pour une bouchée de pain (Canon ayant changé sa monture dès l’arrivée de la gamme EOS passant de la FD à la EF) et vous obtenez le chouchou de la photographie des jeunes étudiants en photo ou des artistes en herbe. On trouve des modèles très bien conservés pour une centaine d’euros, et des objectifs 50mm f/1.4 ou f/1.8 pour quelques dizaines d'euros. De quoi commencer la photo à moindre frais en prenant son pied.

Pentax Auto 110 - (1978)


Le fascinant Pentax Auto 110, soi-disant le reflex le plus petit et le plus léger jamais produit. Toujours un grand classique après presque quatre décennies depuis son lancement par le fabricant japonais Asahi Pentax. En dehors de sa taille et de son design magnifique, l’Auto 110 était reconnu comme le seul reflex ultra-miniature au format 110, et comme le reflex le plus petit avec objectifs interchangeables.

Nikon F3 - (1980)


Le Nikon F3 est un appareil photographique reflex mono-objectif produit par Nikon de 1980 à 2001. Ce boîtier introduisit l'automatisme d'exposition à priorité diaphragme chez les professionnels. Le Nikon F3 annonce la troisième génération des modèles professionnels d'appareils photo de la série F, après les Nikon F et F2. Igor Kostine utilisa deux de ces appareils lors de son survol en hélicoptère de la centrale de Tchernobyl le 26 avril 1986.

Minolta X-700 - (1981)


Alors que le marché du reflex s'endormait un peu, Minolta sortit le X-700 en 1981. Ce fut le dernier boîtier à mise au point manuelle de la firme japonaise avant qu'elle ne sorte le tout premier boîtier autofocus de l'histoire en 1985. Ce dernier représentant de la lignée des Minolta manuels fut un énorme succès. L'équilibre soigné entre performances et simplicité d'utilisation en fit un boîtier très prisé des amateurs débutants et confirmés ainsi que de nombreux clubs.

Léger et fiable, le Minolta X-700 tire son attrait de ses trois modes d'exposition : entièrement automatique ("MPS" ou "Minolta programming system"), à priorité diaphragme et tout manuel. Le mode Program contribua grandement au succès de cet appareil puisqu'il permet au photographe de se concentrer sur son image en laissant l'appareil se débrouiller avec l'exposition. La cellule est de type centrale pondérée.

Le Minolta X-700 dispose d'autres atouts avec la correction d'exposition à plus ou moins 2 IL, le flash TTL, la mémorisation de l'exposition, un retardateur, un testeur de profondeur de champ et un indicateur de bon chargement du film. La compatibilité avec les objectifs et accessoires des boîtiers précédents le placent au centre d'un vaste système. De nombreux accessoires furent aussi conçus spécialement pour lui : moteur, dos électronique multifonctions, cordons TTL pour le flash, télécommande...

Des versions édulcorées et un peu moins chères apparurent par la suite : le X-500 était dépourvu du mode Program, le X-300 voyait disparaître également le testeur de profondeur de champ.

Nikon FM2 - (1983)


Le Nikon FM2 a une particularité : il utilise un obturateur en titane mécanique. Il est rapide, son prisme qui couvre 95% du champ offre une visée claire et large. Enfin, on peut y monter n’importe quel objectif Nikon disposant d’une bague de diaphragme. Son prix reste encore élevé sur le net si on souhaite en trouver un en parfait état.

Leica M6 - (1984)

Le dernier et non pas des moindres : Le Leica M6 est un appareil photographique télémétrique fabriqué par Leica. Commercialisé en 1984, c'est en quelque sorte un M4P auquel on aurait incorporé une cellule TTL couplée. Ce boîtier conserve par ailleurs la taille et les attributs de ses prédécesseurs (M5 excepté). Il est remplacé en 1998 par le M6 TTL, qui apporte quelques nouveautés : compatibilité TTL au flash avec les modèles compatibles, cellule plus sensible en basse lumière, affichage des infos cellule sensiblement différent, molette des vitesses plus grosses et tournant dans le même sens que les flèches de la cellule. Ce modèle était disponible avec des viseurs au grossissement différents (×0.58, ×0.72 et ×0.85). Le Leica M7 lui a succédé en 2002.


Vous devez vous dire : cette liste est tellement courte, je ne vois même pas mes préférés. C'est pourquoi j'aimerais entendre vos points de vu par rapport aux appareils photographiques argentiques qui continuent de vous faire rêver. N'hésitez pas à me dire ça sur Twitter. 🙂 📷

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Paul Aimé

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